Marc Elie

Curriculum VITAE

Chercheur au CERCEC depuis 2009, Marc Elie travaille en histoire environnementale de l’Union soviétique. Après une thèse soutenue en 2007 sur les anciens détenus du Goulag pendant le Dégel (1953-1964), Marc Elie étudie les catastrophes naturelles et industrielles en URSS. Il travaille à un ouvrage sur les sécheresses dans les régions steppiques d’URSS, à l’exemple du Nord Kazakhstan. Ses recherches portent également sur l’histoire de la protection contre les coulées de boue et les avalanches dans le Kazakhstan soviétique.

Thèmes de recherche en histoire russe et soviétique
  • l’environnement
  • les risques et catastrophes
  • le système pénitentiaire et répressif
Programme des recherches
Les sécheresses en Union soviétique dans les régions steppiques (voir un pré-projet en anglais). La sécheresse et les phénomènes connexes (sukhovei, déflation, en particulier les vents et tempêtes de sables) sont envisagés sous trois points de vue distincts:
  1. comme expérience du monde naturel vécue par les paysans. Comment vivaient-ils la catastrophe dans ses dimensions physiques (disette, privation, faim) et économiques (endettement, faillite)? Comment mitigeaient-ils la sécheresse? Comment interprétaient-ils les relations d’interdépendance entre les conditions hydro-climatiques, les pratiques de l’agriculture collective et les exigences productives imposées par la hiérarchie? Colons fraichement arrivés dans les trains des grands projets d’aménagement des steppes (1954) ou agriculteurs établis de longue date — comment se différencieaient leurs perceptions, interprétations et réactions à la sécheresse?
  2. comme objet scientifique construit et traité différemment par les climatologues, les pédologues et les agronomes. Comment a évolué la compréhension de la sécheresse chez les scientifiques dans le contexte soviétique, mais aussi dans un contexte de recherche de plus en plus mondialisé dans la seconde moitié du siècle, où la sécheresse apparaît comme une menace globale? Entre les les caprices du temps, les changements climatiques, et les responsabilités humaines, quel était le cadre d’interprétation de la sécheresse chez les scientifiques? Attribuaient-ils ses conséquences désastreuses aux acteurs locaux ou aux acteurs centraux? à un écart coupable par rapport à une tradition ou au contraire à un manque de progrès technique?
  3. comme facteur économique et politique mis à l’agenda par les planificateurs et utilisé par les décideurs dans leurs justifications et argumentations. Si les responsables politiques ont toujours vu le mauvais temps comme facteur décisif des mauvais résultats de l’agriculture soviétique, quelle était leur compréhension de ce phénomène et comment l’intégraient-ils dans les calculs productifs et politiques?
La protection contre les avalanches et coulées de boue au Kazakhstan soviétique (Almaty, années 1940-1980).
  1. Il s’agit d’analyser comment les controverses sur les protections optimales contre les aléas naturels reflètent les évolutions du rapport des citadins au milieu montagnard.
  2. La maîtrise de ces risques était un enjeu de pouvoir au moment où le Kazakhstan, avec les autres républiques, entrait sous Khrouchtchev et Brejnev dans une phase de républicanisation qui élargissait considérablemetn ses moyens financiers et ses compétences administratives, scientifiques et techniques. Le premier secrétaire Dinmukhamed Kunaev s’est appuyé sur une gestion technicienne du risque fondée sur des ouvrages d’art prestigieux, comme le barrage de Medeo (1972), pour accéder au pouvoir et asseoir son autorité.
  3. À leur tour, dans une singulière dynamique de « l’économie des catastrophes » (Mark Carey), ces réalisations permettaient de donner l’assaut économique sur les montagnes pour le développement du tourisme de sport d’hiver. La gestion des aléas naturels montrent comment républicanisation du pouvoir politique, culte du contrôle technique sur la nature et développement d’une économie de loisir se sont enchevêtrés.
La fin de l’Union soviétique, la nature et les catastrophes.
Participation à des projets collectifs en cours
  1. Groupe de travail « Histoire environnementale du communisme et du post-communisme » avec Laurent Coumel, Marie-Hélène Mandrillon et Marie-Claude Maurel (axe thématique 5: « Communications, médiations et gouvernance dans l’espace soviétique et russe »)
    • Laurent Coumel et Marc Elie dirigent un numéro thématique de la revueThe Soviet and Post-Soviet Review consacré à l’histoire environnementale de l’Union soviétique tardive et des États successeurs: « A belated and tragic ecological revolution: nature, disasters and green activists in the Soviet Union and the Post-Soviet s
    • tates (1960s-2010s) » (accepté). Le numéro, qui compte six contributions, paraîtra au numéro 2/2013 (octobre).
    • Le groupe organise le séminaire Environnement à l’Est: identités et territoires.
  2. Groupe de travail « Simulations » avec Frédéric Keck et Sandrine Revet (CERI Sciences-Po/CNRS)
  3. Édition d’un volume de documents d’archives sur les catastrophes en URSS en langue russe avec Klaus Gestwa et Tatiana Joukova (dans le cadre du centre de recherches collaboratif SFB 923 Bedrohte Ordnungen)
Séminaires en cours à l’EHESS
Activités éditoriales

membre des comités de rédaction des Cahiers du monde russe et deLaboratorium: Russian review of social research

Projet: Great Steppe, Disastrous Steppe: Scientists and Natural Calamities in Twentieth-Century Russia (version janvier 2011)